La famille Lamarmite.
Dans le récit qui va suivre, Joëlle de Pierpont nous emmène au milieu du XVIIIe siècle, dans un passé tourmenté, à la découverte d’une famille en partie originaire de notre village qui, à l’époque, a fait couler beaucoup de sang et, par la suite, beaucoup d’encre … la famille Lamarmite !
Parfois le hasard nous guide de manière bien étrange. Maman a trouvé dans un célèbre dépôt vente à Bruxelles le livre de René Henoumont « L’Ardenne aux loups » paru aux éditions Racine. Celui-ci nous raconte des histoires de brigands ayant sévi dans nos Ardennes. L’histoire qui nous intéresse est celle de la famille Lamarmite. Il y a bien 10 ans de cela, nos regrettés Maria et Joseph ont fait visiter à mes parents leur maison. Ils prétendaient que les Lamarmite avaient vécu chez eux. C’est donc un lieu chargé d’histoire et de mystères.
Voici cette histoire.
Thérèse Lamarmite naquit à Hoursinne. Son papa, Pierre Flagothier, modeste métayer, confia l’éducation de ses 2 enfants, Thérèse et Joseph, à son beau-frère Gilles-François Gerkinet curé à Lierneux.
Thérèse était une enfant rebelle et le brave curé dû la renvoyer chez son père à Hoursinne après des histoires scandaleuses. Thérèse n’aimait pas du tout vivre chez son père où elle s’ennuyait. Elle fit rapidement la connaissance d’un certain Toussaint Lamarmite « coquetier » de son état. En 1750, il y avait beaucoup de vendeurs ambulants qui proposaient leurs services et produits aux ménagères. Thérèse mit le grappin sur Toussaint et, rapidement, convola en justes noces pour tromper son ennui.
Le couple s’envola prestement vers Pepinster pour y faire commerce d’œufs et de poulets. Quatre enfants naquirent bien vite et leur commerce ambulant prospéra : ils battaient la campagne de Verviers à Lierneux en passant par Spa et Francorchamps.
Lors de leurs nombreux déplacements, ils avaient gagné la confiance des gens dans tout le pays mais leur goût du lucre les perdit.
Les personnes âgées et isolées étaient devenues leurs proies et ils n’hésitaient pas à les égorger puis à voler tous leurs biens pour les revendre sur les marchés. Cette besogne était accomplie en famille, naturellement.
Leurs méfaits ont été découverts, bien des années plus tard et par pur hasard, lorsque la fille de la famille, Catherine, s’est trouvée un amoureux qui n’était ni plus ni moins que le fils de deux de leurs victimes.
Arrêtés, Toussaint Lamarmite et son fils furent exécutés sur la « roue » après avoir été torturés.
Thérèse et sa fille Catherine avaient pris la poudre d’escampette.
Catherine de son côté avait continué à voler mais elle fut retrouvée, jugée et pendue.
Thérèse avait disparu comme par enchantement. Hé bien, elle avait changé de nom et trouvé refuge chez un forestier du hameau de Laidloiseau qu’elle épousa. Elle aurait pu en rester là et disparaître au fond des bois. Mais son goût du luxe la rattrapa.
Elle possédait chez un usurier une reconnaissance de bijoux. Elle voulut les récupérer mais elle ne savait pas que Toussaint, sous la torture, en avait parlé.
Thérèse fut cueillie et mourut étranglée par le bourreau le 17 novembre 1763.
Cette histoire est authentique car René Heunoumont a fait de nombreuses recherches. Les dossiers des procès ont donné de nombreux renseignements sur la nature des vols et meurtres commis.
Joëlle
Merci Joëlle pour ce récit qui fait froid dans le dos. On oublie parfois, sous l’influence des médias, que notre époque n’a pas l’apanage de la violence, celle-ci a, de tout temps, accompagné les hommes.
Pour plus de précisions concernant cette famille Lamarmite, je ne peux que vous conseiller la lecture du récit de René Henoumont dans “L’Ardenne aux Loups” paru aux éditions Racine ainsi que la même aventure racontée par Marcellin La Garde dans “Le Val de l’Amblève”.
Ces deux récits concordent sur la majorité des points hormis deux ou trois détails qui peuvent être imputés à la sensibilité respective et/ou au style des deux écrivains. Seul, le sort de Catherine (la fille ainée de Thérèse) diffère de l’un à l’autre.
Pour René Henoumont, elle est morte pendue tandis que pour Marcellin La Garde, la fin est différente :
Rappelons-nous : Catherine a participé au meurtre des parents de Martin Bailli. Or, c’est avec ce même Martin qu’elle va s’enfuir, se réfugier en Hollande sous un nom d’emprunt (Billen) et l’épouser. Las, Martin, poursuivi par sa conscience se suicidera. Catherine ira s’établir à Wellen où elle reprendra une auberge (dite “de la plume”) rendez-vous des Bok-Ridders (chevaliers du bouc). Elle sera brûlée vive en 1778 avec septante membres de cette société occulte.
D’autres encore ont repris l’histoire sanglante de la famille Lamarmite : Paul Gordeaux l’a racontée dans “Le crime ne paie pas” première bande dessinée verticale, parue dans le quotidien “France-Soir” à partir des années cinquante.
Plus près de nous, Jean-Claude Servais s’est largement inspiré de ces faits dramatiques pour son double album “La belle Coquetière” où l’héroïne prendra le nom d’Angèle.
Les livres de René Henoumont, de Marcellin La Garde ainsi que les deux BD de Jean-Claude Servais sont disponibles à la bibliothèque de Mormont. Marie-Claire vous y accueille tous les samedis de 10 h 30 à 12 h.
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